Il vaut mieux passer outre la narration grandiloquente et les mises
en scène avec figurants costumés, à la manière de feu-Avis de recherche de Jacques Pradel. Il faut également pardonner à Lawrence Block, l'immense auteur de polars, son air empesé, peu à l'aise dans son rôle de maître de cérémonie. Il faut surtout se concentrer sur l'affaire. Dans la région de San Francisco, de 1968 à 1979, un homme se vante d'avoir assassiné 37 personnes. Rapidement, les enquêteurs possèdent son signalement, son portrait-robot, les empreintes de ses pas. Régulièrement, le tueur abreuve la presse et la police de messages téléphoniques, de lettres manuscrites moqueuses, de signes cabalistiques indéchiffrables. Une correspondance pléthorique dans laquelle il se présente comme le Zodiaque, signant d'un cercle barré d'une croix.
Le Zodiaque est intéressant car il fut une star. Et le mythe fondateur de tous les serial-killers de la littérature et du cinéma américains depuis trente ans. De l'Inspecteur Harry jusqu'à Seven, les intrigues et les personnages ont largement puisé dans ce fait divers. Le mécanisme est simple: un homme commet des meurtres sans distinction ni logique apparente. Il laisse derrière lui une kyrielle d'informations codées, véritable arsenal pour l'imaginaire. Et l'incapacité de la police conduit des légions d'experts (et d'amateurs) à vouloir résoudre l'énigme. Résultat: des pelletées de suspects, des douzaines de théories fumeuses ou astucieuses, et plus encore d'hypothèses