«C'est une connerie, je l'assume.» Jean-Luc Mano, directeur de la
rédaction de France-Soir, est consterné. Son journal a publié hier une pleine page de publicité émanant d'une personnalité proche de la scientologie. «On m'a signalé cette pub la veille, explique-t-il. En accord avec Georges Ghosn, le PDG du journal, j'ai décidé de ne pas la passer. Et puis elle s'est retrouvée le lendemain dans nos colonnes à la suite d'une mauvaise manipulation technique.»
Présentée sous la forme d'une «Lettre ouverte au président de la République», cette pub demande «la dissolution de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils)», un organisme rattaché aux services du Premier ministre, au motif qu'il ne respecterait ni la Constitution ni les textes de référence en matière des droits de l'homme.
La publication de la pub a soulevé «l'émoi, l'indignation et la réprobation unanime de toute la rédaction, du directeur aux CDD, en passant par les chefs de service», souligne un journaliste délégué syndical de France-Soir. Les journalistes ont protesté lors de la conférence de rédaction du matin et devaient évoquer la question lors d'une assemblée générale dans l'après-midi. Le délégué syndical ne contredit pas la version de Jean-Luc Mano: «Il semble bien qu'il s'agisse d'un accident.»
Libération, qui s'est vu proposer cette page de publicité, a refusé de la publier. Et, selon la Mils, «d'autres journaux nationaux et régionaux ont été contactés, mais tous ont refusé de la passer». Seu