Menu
Libération
Critique

Le film. En Quatrième Vitesse. Cinétoile, samedi, 23 h 00.

Article réservé aux abonnés
publié le 22 avril 2000 à 23h52

Ceux qui n'ont jamais vu ce petit bijou de Robert Aldrich (Kiss Me

Deadly en VO, 1955) s'apprêtent à passer un sacré bon moment. Les autre savent sur quel improbable pot aux roses va déboucher l'enquête du détective Mike Hammer (joué nonchalamment par Ralph Meeker), ce qui ôte beaucoup de sel à une deuxième vision. Mais il leur reste de quoi s'amuser: ce film noir haletant, plutôt en avance sur son temps, a des audaces formelles qui, dit-on, ont pas mal inspiré les réalisateurs de la Nouvelle Vague.

Tourné avec des moyens ­ et des acteurs ­ de série B, le film est contraint à une grande économie de mise en scène. Comme en outre Aldrich méprise tous ses personnages sans exception (les femmes sont des salopes, les hommes des brutes et le héros lui-même un pauvre type), Kiss Me Deadly ne peut s'en sortir qu'en jouant avec le spectateur. Il y réussit brillamment. Nous nous faisons balader dans une intrigue opaque qui, d'ailleurs, ne s'éclaircit guère au fil du temps (1). Or l'avantage, avec un spectateur perplexe, c'est qu'on n'est pas obligé de le séduire. Il est «accro» de toute façon. Ce n'est qu'à la toute fin du film que le scénario, tiré d'un roman de Mickey Spillane, veut bien étaler son jeu. Depuis une heure et demie, le détective Hammer se demandait pourquoi cette fille, qu'il avait ramassée une nuit sur la route, lui avait dit «Souvenez-vous de moi» juste avant de se faire zigouiller. Et puis voilà qu'un inspecteur de police, qui avait tout fait pour contrarier l'enquêt