Proie facile des guignols de tous canaux, Bernadette Chirac mérite
mieux que sa caricature. Le Service public a donc fait bon usage de la redevance en allant la visiter en son palais républicain. Depuis un reportage de France 2 en début de septennat, aucune caméra ne s'était attardée sur la «première dame de France», ce qui fait peu aux yeux de ceux rares, il est vrai qui pensent que, parité oblige, «premier monsieur» et «première dame de France» devraient être à égalité de traitement. France 3 s'est donc employé à pallier le déficit. L'intention se doit d'être saluée mais le résultat est décevant. Car le portrait reste bien superficiel, succession de saynètes où, sur le mode convenu, des personnalités de tous ordres dont un religieux et Sylvie Joly, condisciple de Bernadette sur les bancs des dominicaines rendent hommage à l'action de l'épouse du chef de l'Etat. Les traits sucrés abondent mais leur succession ne dessine pas la femme. Pour ce qui est des traits salés, travers de caractères, défauts, marottes, il n'est que Bernadette pour en parler, ce qui ne permet pas d'aller bien loin. Bref, France 3 s'est moins livré à une enquête qu'à se laisser aller à filmer ce que Bernadette voulait bien montrer, c'est-à-dire pas grand-chose tant la pudeur, pour elle, est vertu cardinale. Cela donne un petit film sympathique mais on n'y apprend quasiment rien sur une femme complexe qui, en quarante-quatre années de vie commune avec Jacques Chirac, a connu beaucoup de joies mais