Avec le recul, ça fait un peu peur" Tous ces cris, cette foule en
uniforme, ces drapeaux soudain dégoulinant de sens, ces gesticulations de va-t-en-guerre" Nous sommes le 12 juillet 1998 en fin d'après-midi et 60 millions de Français bariolés s'apprêtent à en découdre avec 11 Brésiliens. On connaît le scénario par coeur, presque minute par minute. Mais ce moment-là, il faut croire qu'on ne se lassera jamais de le revivre, encore et toujours. C'est cette vague impression d'éternité qui s'impose dans ce documentaire de Canal, conçu par Patrick Menais, l'un des «zappeurs» en chef. Le principe est simple: récupérer les images amateurs tournées au Caméscope ce soir-là par des milliers d'amateurs, bien décidés à immortaliser l'histoire. Pas forcément la grande, celle qu'on retrouvera dans les journaux du lendemain, mais la leur, la nôtre. Celle écrite dans le salon, transformé en un Kop bouillant, dans le jardin du pavillon avec le grand-père chauve dont on embrasse le crâne comme celui de Barthez, au comptoir du bistrot du village ou au camping des Flots-bleus avec tous les copains d'apéro. Le documentaire est mené sobrement de manière chronologique, sans autre artifice qu'en surimpression sonore, les déclamations hystériques des commentateurs sportifs au bord de l'éjaculation vocale (la voix suraiguë d'Eugène Saccomano est un moment de bravoure). Ce film, au fond, résume bien des choses. Pendant 24 heures, la finale, tout le monde l'a jouée. La Coupe, tout le monde l'a gagnée"