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Libération

Publicité. Incommodées par les spots, les familles attaquent l'opérateur en justice. Quarante-neuf Leneuf contre 9 Télécom.

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publié le 26 avril 2000 à 23h48

«Ça a commencé par de simples "Allô Monsieur Leneuf? Une fois que

j'ai installé mon répondeur, j'ai été abreuvé de messages d'insultes, de menaces. Sans parler des blagues scatologiques. Ma messagerie s'est transformée en une véritable anthologie de la bêtise humaine.» Frédéric Leneuf-Magot a beau porter un nom composé, il n'en est pas moins victime d'un harcèlement téléphonique depuis que les publicités pour 9 Télécom, réalisées par l'agence Ogilvy & Mather, mettent en scène M. Leneuf. Un homonyme qui se fait continuellement déranger par des coups de fil anonymes.

Comme quarante-huit autres familles Leneuf, Frédéric a décidé d'assigner en référé l'opérateur de téléphonie fixe devant le tribunal de grande instance de Nanterre. «Pour que ce personnage disparaisse des écrans, que le cauchemar s'arrête et que tout redevienne comme avant.» Pour que lorsqu'il commande des billets de train ou une pizza par téléphone, il n'entende plus ricaner à l'autre bout de fil ­ «eh! devine qui j'ai en ligne! M. Leneuf!» ­ quand on ne lui raccroche pas au nez.

«Personnage grotesque». «Vous ne pouvez pas vous empêcher d'y penser, renchérit Paul Leneuf, banquier de son état. A chaque fois qu'un client vient accompagné d'un enfant, je me dis que je ne vais pas couper à une allusion à la publicité.» La réalité a donc fini par rejoindre la fiction. Spot après spot, M. Leneuf est continuellement importuné par des gens qui téléphonent en croyant appeler le 9 Télécom. Et ces coups de fil tombent toujours