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Libération
Critique

Autour de minuit. Cinétoile, 19 h 40.

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publié le 27 avril 2000 à 23h47

Bertrand Tavernier aurait pu être le Clint Eastwood français. Il

aurait suffi qu'il fasse jeune premier au lieu de critique de cinéma et qu'il habite sur Hollywood Boulevard. Plus maigre, il aurait abordé sur le tard la country et le jazz. Comme il a préféré vivre sa vie dans un rapport amour-haine du cinéma américain sans doute très épuisant, il n'a fait qu'un documentaire sur le blues et le gospel (dont on peut se passer), et Autour de minuit, une fiction mélancolique sur le jazz qui vaut largement la biographie académique de Charlie «Bird» Parker par un Clint Eastwood trop abruti de Californie et de jus d'orange pour avoir la moindre idée de ce qui se pouvait se passer dans la tête embrumée de l'inventeur du be-bop et de deux ou trois choses encore plus déchirantes.

Il faut dire que le rapport entre jazz et cinéma est très énigmatique. A l'exception de Jean-Christophe Averty, qui sait improviser avec ses caméras comme Miles Davis avec sa trompinette, mieux vaut en faire le moins possible. Eviter les travellings ou les zooms, simplifier le montage à l'extrême, se cacher dans un coin. Ne pas oublier de placer la caméra à bonne distance, c'est-à-dire ni trop près ni trop loin. Une fois que ça tourne, il suffit d'écouter. A l'évidence, Tavernier sait écouter. S'inspirant de l'amitié de Francis Paudras pour Bud Powell, une sorte de Thelonious Monk virtuose qui grava, avec Charlie Parker, quelques-unes des plus belles plages du jazz moderne, Tavernier nous laisse avec un film in