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Libération
Critique

Dans les mailles d'H & M. Quand la vie d'un pull révèle une filière de fabrication fâcheuse. «H & M: les dessous d'un pull». La Cinquième, 14 h 30.

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publié le 29 avril 2000 à 23h41

Les malins qui ont rebaptisé «Horreur et Merde» le fashion

discounter suédois H & M vont trouver ici des arguments bétons. Ce reportage vieux de deux ans remonte la filière de fabrication d'un pull vendu 130 F dans les magasins de la firme. Les journalistes suédois de Sveriges Television ont découvert que le pull col roulé était fabriqué pour 19 F dans un atelier philippin pas trop regardant sur le travail des enfants. Pourtant, Jörgen Andersson, responsable de production d'H & M, affirme dans le reportage que le message adressé par le distributeur aux fournisseurs est le suivant: «Nous ne tolérerons aucun enfant dans les usines.» Malheureusement, l'équipe de télévision est allée vérifier dans cinq pays fournisseurs (la Chine, les Philippines, le Bangladesh"). Ce n'est pas tout à fait aussi glamour que prévu. Pour offrir des prix imbattables, H & M impose des délais de fabrication et des prix de revient particulièrement serrés. «Si on veut donner la priorité aux hommes, c'est intenable», affirme le responsable de Kingslake, un fournisseur hongkongais. «Si nos ouvriers s'intéressaient aux questions syndicales, nos coûts seraient décuplés», précise Albert Chung, un fournisseur chinois. Hormis un point de vue parfois un peu trop européo-indigné, le reportage démonte concrètement le phénomène de mondialisation-délocalisation de l'industrie textile. Autrement dit, H & M n'est qu'un distributeur, pas un fabricant. Ce qui lui permet de botter habilement en touche (avec un ballon Nik