Quiconque aperçoit sur son écran Bill Clinton, président finissant
du pays le plus puissant du monde, a depuis longtemps la certitude que cet homme cool à forte mâchoire appartient plus à l'univers du feuilleton télévisé qu'à celui du manuel d'histoire. Bill, c'est un peu le voisin de palier pour qui l'on vote avant de zapper: une sorte de sous-héros des misères de la vie quotidienne, qui tond son gazon le dimanche comme on égalise ses rêves brin par brin, comme tout le monde, entre une négociation avec Israël, un prolongement d'embargo avec Cuba et une pipe à l'eau de rose de la stagiaire aux dents brossées. C'est peut-être injuste et réducteur, mais c'est ainsi: dans les regards, Bill flotte quelque part entre le Cosby Show et Friends, tellement sympa, dérisoire, sans prise de tête. Il vit son crépuscule démocratique dans ces méandres de boue tiède et un peu sulfureuse où le citoyen audiovisuel prend son bain du soir, tel l'hippopotame africain. Le «vidéo gag» qu'il a produit et distribué aux journalistes ce week-end, et qui fait l'ouverture des JT du dimanche, conclut donc logiquement, par un ultime clin d'oeil, le parcours politique de ce grand pro de la forme télévisée. Le clip s'intitule: Les Derniers jours. Bill en est le personnage comique. Il se met en scène, avec rires prédigérés, dans l'ennui de sa fin de mandat. Il tond la haie, surfe sur l'Internet, lave sa bagnole, croupit au lavomatic, répond au standard. Il donne sa conférence de presse devant un journaliste e