On parlait de regarder sous les jupes des filles. C'était évidemment
une image. Rien, dans le cinéma classique, ne ressemble de près ou de loin à l'entrejambe de Sharon Stone, une région d'ailleurs réservée en priorité aux utilisateurs de magnétoscopes. Pour séduire, les amazones hollywoodiennes ont préféré de tout temps en dévoiler le moins possible et, plus encore, dissimuler leur féminité sous des habits masculins et des manières équivoques. La prédilection de Howard Hawks pour des grandes filles un peu masculines s'est rarement démentie, ses héroïnes (de Louise Brooks à Paula Prentiss, en passant par Angie Dickinson), n'hésitant jamais à faire rougir leurs partenaires avec des tactiques de séduction inattendues et souvent déstabilisantes. On se souvient peut-être que dans la pièce de Ben Hecht qui sert de base au scénario de la Dame du vendredi, c'est une rivalité entre deux hommes qui est au centre de l'intrigue. En faisant jouer par Rosalind Russell ce journaliste dont Cary Grant ne peut se passer, Hawks insiste sur les rapports ambigus entre les deux personnages, un homme qui ruse avec ses émotions et une femme qui joue les mecs pour mieux les amadouer.
La caméra, elle, n'est pas moins imperturbable que l'héroïne, comme effarouchée par les sous-entendus qu'elle ne peut pas ne pas enregistrer. Pas besoin de tout montrer, puisque la caméra voit tout. Impossible de ne pas voir, derrière les non-dits et les sous-entendus de cette histoire d'amour farfelue, une véritable fa