Le cinéaste Avi Mograbi ouvre ainsi son documentaire: «Ma femme m'a
quitté à cause d'"Arik Sharon"» C'est le meilleur moment d'un trop long film, dans lequel Mograbi ne fait grâce d'aucun de ses états d'âme. Son épouse qui, au début, le soutenait dans son projet, s'en détache à mesure qu'elle le voit se diluer dans sa quête. En effet, Avi Mograbi est partagé entre son aversion pour celui qu'en Israël on nomme le «Bulldozer» à cause de sa corpulence et de ses coups d'éclat militaires et politiques, entre son dégoût pour le responsable, fût-il «indirect» de Sabra et Chatila, et" une secrète attirance pour un personnage haut en couleurs. Il est vrai qu'Ariel Sharon est un bon «sujet» pour les journalistes de son pays: peu bégueule, acceptant le débat, l'humour ravageur, s'empiffrant de gâteaux préparés par sa femme Lili, paysan que la naissance d'agneau met en joie. Un terrien qui sait admirablement mentir. Cependant, Mograbi ne parviendra pas à filmer la séquence qui lui importait: Sharon dans sa ferme parmi son cheptel! Du coup, l'intérêt décroît. Cependant, pour un spectateur étranger, le film révèle quelques scènes de genre israéliennes: folklore débraillé des meetings politiques, harcèlement journalistique des éminences, violence verbale des citoyens à l'égard de leurs ministres, conciliabules entre Sharon le mécréant et les ultra-orthodoxes, qu'il veut mobiliser pour Netanyahou (le film est tourné pendant la campagne électorale de 1996). Et ce concert rock où, sur un vieil