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Libération
Critique

Le travail à la chaîne. Quatre films se font concurrence pour seulement deux réussites. «Thema: les coulisses de la concurrence», Arte, 20 h 45.

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publié le 4 mai 2000 à 0h36

Il doit y avoir un nid de gauchistes au sein de la chaîne

culturelle. Arte diffuse pas moins de quatre films (fictions, docus) consacrés au travail et à ses dommages collatéraux. La soirée s'ouvre sur le premier film des frères Dardenne, Je pense à vous, fiction gentillette et oubliable (on est loin de l'effet «poing dans la gueule» de Rosetta) qui raconte la lente chute d'un homme (Robin Renucci) licencié d'une usine sidérurgique. Sa femme (Fabienne Babe) est très patiente, et finalement nous aussi. Précipitons-nous en revanche sur deux documentaires de très bonne tenue. Managers encore un effort" se sert comme fil narratif d'un séminaire de remotivation de cadres en perdition, confrontés à une pression trop forte, des licenciements à répétition, une sadisation au quotidien, ou les trois à la fois. L'intérêt du film réside aussi bien dans son sujet (la fonction à la fois nécessaire et ridicule de ce type de séminaire) que dans son double fond (les cadres avouent rarement aussi franchement leurs désillusions de carrière). Enfin, le Grand Nettoyage d'Eusebio Serrano raconte façon Coûte que coûte de Claire Simon la concurrence acharnée de deux pressings du XXe arrondissement de Paris. En filmant alternativement les tentatives désespérées du «petit» pour maintenir des prix attractifs face au «gros» discounter d'en face, Eusebio Serrano prouve qu'on peut utiliser les méthodes de Capital (dynamisme, sens des situations microéconomiques) avec ce qui manque à Capital (le point de v