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Libération

La délation, délice de la télé brésilienne. Les chaînes se disputent les témoignages de truands.

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publié le 8 mai 2000 à 0h31

Rio de Janeiro, de notre correspondant.

«Le commissaire Guimaraes a enlevé ma soeur pour exiger une rançon de 50 000 dollars. J'en ai marre. Je n'ai pratiquement plus d'argent. J'ai tout donné aux flics qui n'arrêtent pas de me racketter en menaçant ma famille!» Ce témoignage est passé au Jornal Nacional de TV Globo, leader absolu de l'audience à 20 heures. L'accusateur qui a ainsi eu les honneurs du prime time est le trafiquant de cocaïne le plus recherché au Brésil, Fernandinho Beira-Mar (littéralement: «Petit Fernand Bord de Mer»). L'homme serait réfugié au Paraguay, d'où il donne régulièrement des interviews via son téléphone satellitaire" Les truands ont désormais les honneurs de la télévision brésilienne.

Rôles inversés. Depuis quel-ques mois, le pays assiste en direct à un déballage de crimes sans précédent. Les chaînes n'imposent en effet aucune censure à la diffusion des accusations, tout juste se contentent-elles de permettre aux accusés de se défendre. Bien souvent, les rôles sont inversés: ce sont des juges, des députés et des policiers haut gradés qui sont dénoncés par des trafiquants, des spécialistes du hold-up ou des assassins. Cette tendance a été renforcée par la commission d'enquête parlementaire (CPI) sur le trafic de drogue: depuis plusieurs mois, les membres de la CPI circulent dans tout le pays, escortés de hordes de journalistes. Ils vont enregistrer des dépositions de témoins souvent anonymes, en majorité d'ex-truands repentis. Le plus connu d'entre eu