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Libération

Après coup. En attendant Mnouchkine.

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publié le 10 mai 2000 à 0h30

Pour expliquer leur refus d'aller à la quatorzième cérémonie des

molières (lundi, France 2), où ils sont nommés et où ils seront choisis, Ariane Mnouchkine et son Théâtre du soleil ont écrit l'après-midi même, dans le Monde, un article: pour remettre en cause une institution, rien ne vaut une autre institution. La critique de l'une est emballée dans l'honneur qu'on lui fait de l'évoquer dans l'autre. C'est une manière de dire: «Je ne reconnais pas ce que vous célébrez, ni la manière dont vous le faites, mais je vous respecte quand même assez pour vous le dire là où il faut. Nous ne sommes pas tout à fait du même monde, mais nous sommes entre gens du Monde, comme larrons en gloire.» Mnouchkine reproche aux molières d'avoir un système de vote insatisfaisant, de ne jamais distinguer de troupes et surtout, très justement, de donner une morne image de l'art théâtral, passé à l'indifférente moulinette télévisuelle. Cette cérémonie est l'une des plus tristes qui soient: elle défile comme à tombeau ouvert. Alain a expliqué ce qu'on éprouve en voyant ces vieux acteurs, ces fantômes méconnus, grimaçants et poudrés de souvenirs qui ne sont plus les nôtres, s'entre-décorer sous nos yeux ennuyés comme les notables d'une République en déroute: «Toutes les cérémonies font preuve d'elles-mêmes et cette preuve suffit. Mais nous demandons d'autres preuves, nous autres, parce que nous sommes hors de la cérémonie; semblables au spectateur qui se demande pourquoi les danseurs trouvent tant de pl