Jérôme Clément, le président de la Sept-Arte, a décidé la semaine
dernière de suspendre la sortie en salles des téléfilms produits par la chaîne culturelle. Et ce, sur la demande de quelques syndicats de professionnels du cinéma (SRF, Acid, UPF, etc.), qui s'inquiètent d'«une abolition de la distinction entre téléfilms et films de cinéma». Pierre Chevalier, responsable de la fiction sur la chaîne franco-allemande, revient sur ces glissements frictionnels entre télévision et cinéma.
A quelle occasion s'est posé pour la première fois le problème d'une sortie en salles pour un téléfilm que vous aviez produit?
Dès le début. Quand je suis arrivé à la Sept-Arte, en 1991, mon mandat était simple. Jérôme Clément, que j'avais connu au CNC, ne savait pas trop quoi faire en fiction sur une chaîne de l'observation et de l'analyse du réel. Il m'a dit: «Tu fais avec ce que tu connais.» Je l'ai pris au mot. Les premiers mois, j'ai eu une politique d'achats de films. Puis, le producteur Humbert Balsan m'a apporté le projet de Philippe Faucon, Sabine. Personne ne voulait faire ce film: l'histoire d'une jeune sidéenne, qui a un bébé, qui se prostitue et qui va mourir. Pour moi, c'était du prime-time. Une production de 4 millions où nous étions à hauteur de 70% du budget.
Le film fait, le producteur et le réalisateur m'ont tenu des propos pleins de bon sens: la télévision, c'est bien, mais c'est un seul soir et voilà. Ça a avait fait un bon score, j'ai demandé l'autorisation d'une sortie en salle