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Libération
Critique

The Second Civil War. Cinéfaz, 21 h 10.

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publié le 16 mai 2000 à 1h14

Quand Joe Dante assure que son hilarant Gremlins 2 est un film

sociologique, ce n'est pas une blague. Sous couvert de divertissement, ce disciple de Roger Corman examine en effet depuis vingt ans les tares de la civilisation américaine. The Second Civil War (1996) est ainsi un brillant exercice de politique-fiction aussi drôle qu'inquiétant, portrait de l'Amérique telle qu'elle pourrait devenir et de l'information télévisée telle qu'elle peut être déjà. Dans un futur trop proche, les Etats-Unis sont devenus le seul endroit à peu près vivable de la planète. Devant l'afflux d'immigrés en général et d'orphelins pakistanais en particulier, le gouverneur de l'Idaho ferme ses frontières et menace de faire sécession" pour le plus grand bonheur des chaînes de télé. The Second Civil War vaut pour mise en garde: Dante raconte une Amérique où la prééminence du communautarisme sur l'intérêt général n'est au fond que l'aboutissement logique du «politiquement correct» mené depuis les années 70. Autre dérive de la politique américaine, sa médiatisation à outrance. «On se fout de la réalité, le plus important c'est l'image» est le leitmotiv du film, repris aussi bien par le conseiller véreux du Président que par la responsable humanitaire «vertueuse». Alors l'image s'expose, s'occulte, se manipule. La chaîne NewsNet «imaginée» par Dante est, jusqu'au logo, un clone de la vraie CNN. Et sa couverture de «la deuxième guerre de Sécession» est une parodie corrosive et, hélas, à peine exagérée d