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Critique

Tropiques du cancer. Un cinéaste malade en «Vacances prolongées» autour du monde. Poignant. «Vacances prolongées» de Johan Van der Keuken, Arte, 22 h 15.

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publié le 19 mai 2000 à 1h04

Le qualificatif de «Hollandais planant» attribué par Serge Daney au

cinéaste hollandais colle ici plus que jamais. Johan van der Keuken survole Rio de Janeiro en parapente. Il descend lentement, rappelant en off combien il est bon «d'être au-dessus de la réalité». Pour ces «vacances prolongées», Van der Keuken veut être partout. Il filme en 35 mm et en numérique. Il veut être sur terre, dans les airs, à la mer à la montagne, à la ville, au Bouthan et en Afrique, et dans un scanner à Utrecht. Il est atteint d'un cancer de la prostate, ses chances sont faibles, d'où un film en état d'urgence hospitalière. Van der Keuken part avec sa femme autour du monde pour résoudre le «malentendu entre le monde et moi-même», et pour approcher au plus près les possibilités de survie et de réconfort face au néant. «Quand les cellules s'emballent, les choses tournent mal. Il y a des métaphores pour l'exprimer. On voit le tréfonds de son coeur comme un firmament en proie à la tempête ["] quelque chose de semblable à une révolte, une violence désordonnée, des armées en marche, pillant tout, et une main des millions de fois plus grande que la nôtre les raye de la carte. Une image aussi peuplée de petits soldats, de figures humaines, glisse de la technique à la magie.» Van der Keuken cherche à composer le film-métaphore qui réunirait dans une seule image, les pixels colorés des métastases en furie, les câbles qui traînent partout dans une favela, les calculs qu'une chamane tibétaine lui extrait du