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Libération

Après coup. Témoin n° 1.

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publié le 22 mai 2000 à 0h54

Il est plaisant de regarder, vendredi, les journaux télévisés de 20

heures: «L'insoutenable confession» du présumé triple tueur Sid Ahmed Rezala dans le Figaro Magazine du week-end y fait partout l'ouverture-scandale, et soudain, le fantôme de Jacques Pradel (et de quelques autres) revient parmi nous: le spectre du repoussoir qui fit spectacle de la misère et de la complaisance humaine. Cet article où Rezala, depuis sa prison du Portugal, raconte (rait) comment et pourquoi il a tué trois jeunes femmes, c'est en effet de la bonne grosse télé; de la télé de derrière ­ et dessus ­ les fagots, comme Pradel (et quelques autres) ont su en faire; de la télé qui mettait ses pieds de caméra dans les flaques fantasmatiques de la société française pour en éclabousser son public fasciné; qui incendiait les passions puis faisait mine de les éteindre, avec des larmes d'animateur; bref, de la télé que chacun préfère oublier. Mais ce soir, on les revoit, ces temps héroïques, ces cadavres dans le télé-placard, tandis que les tailleurs-Brushing du vendredi soir articulent ce mauvais bon coup. Claire Chazal le fait sur TF1 avec la politesse absente qui la décaractérise. Sur France 2, Béatrice Schönberg joue la ligue de vertu: «Cette glaçante interview de Rezala», «luxe de détail odieux». Encore un effort, encore quelques adjectifs, Béatrice, et ton journal deviendra l'annexe du couvent des oiseaux. Tout de même, se dit-on, quel scoop la télé a manqué! Le journaliste qui l'a réalisé est d'ailleu