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Libération
Critique

La parenthèse désenchantée. Une chronique des années Mitterrand sans couleur ni saveur. «Les Enfants du printemps», téléfilm en trois parties de Marco Pico. France 2, 20 h 50.

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publié le 22 mai 2000 à 0h55

Après les sinistres pagnolades de Roger Hanin, cette fiction

collective de près de cinq heures sur le premier septennat Mitterrand montre que France 2 n'a pas perdu toute ambition de création. Malheureusement, les Enfants du printemps laissent le même sentiment de frustration que la décennie qu'il chronique: de bonnes idées au départ, un bilan très mitigé à l'arrivée. Jean-Michel Gaillard et Jacques Kirsner ont construit leur scénario comme un «film-choral» avec une multitude de personnages réunis dans" une chorale à Evry. On y croise un commissaire de police chargé d'une mission sur les banlieues, un patron d'une petite radio libre devenant un clone de NRJ, des profs socialistes, un métallo communiste, un ouvrier arabe, un haut fonctionnaire chargé de toutes les grandes réformes libérales du pouvoir PS avant de passer au privé, etc. Bref, une typologie impeccable de la génération Mitterrand, trop exhaustive pour être crédible. Au moins ce dispositif permet-il de ne rien rater de la période (l'explosion de la Bourse et la naissance des Restos du coeur, Le Pen et SOS Racisme") avec un goût immodéré pour le symbole poids lourd (le fils du banquier star des années fric se suicide alors que le mur de Berlin tombe, hum). Le meilleur des Enfants" tient dans la chronique du déclin des utopies collectives au profit de l'individu roi, dans le rappel bienvenu des errances de la gauche au pouvoir (la réconciliation-trahison avec l'entreprise et le marché). L'esprit de l'époque est bi