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Libération

Après coup. Wise Palms.

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publié le 23 mai 2000 à 0h53

Rien. Il ne s'est rien passé, dimanche, pendant la remise des palmes

de Cannes sur Canal. Pas de sifflements. Pas d'écarts. Pas de surprises. Pas de mauvais goût. Pas de m'as-tu-vu. Rien. Tout le monde il est beau, tout le monde il est poli; discret, pudique, timide, élégant: tout le monde il est ému en dedans. Chaque lauréat vient sur scène prendre son dû, sage comme bien peu d'images, dire deux ou trois mots et puis s'en va. La maîtresse de cérémonie, Virginie Ledoyen, lit ses lancements de sa voix rauque et appliquée. Elle se tient comme un charmant crapaud, les mains à plat sur le pupitre et les coudes en l'air: une adolescente gênée, un peu garçonne, qui fait la remise des prix de fin d'année sous l'oeil du directeur et de ses parents; elle a été choisie, comprenez-vous. L'oeil de Deneuve, cette reine mère du cinéma, est sur elle et sur tous. Il faut se tenir, se respecter, sourire sans excès. Donner une autre image du cinéma. Plus détachée du petit écran, plus noble. Comme nettoyée de ses toxines de télé. Oui, Deneuve incarne bien ce dressage de la bête: avec elle, fini la ricanade! Fini les quolibets, le chant de la racaille. Le centre de gravité, c'est elle: il faut la voir remettre la palme d'or à Lars von Trier pour le film dans lequel elle joue, puis donner sa maternelle accolade à Björk, prix d'interprétation féminine. C'est du sérieux, du grand art en dignité. On fait du vieux avec Deneuve, du vieux qui tient, du meuble de style: pas comme à la télé, où tout