Après Red Rock West, Kill Me Again et Last Seduction, il y avait des
raisons de penser du bien de John Dahl et de sa patte dégraissée d'outsider de série B. Il rate pourtant sans panache ce thriller psychofantastique qui tourne vite à l'acharnement thérapeutique. Ray Liotta, inoubliable en dealer défoncé au summum du stress dans les Affranchis, est ici un médecin légiste mal en point. Bien qu'il ait été relaxé faute de preuves, on le soupçonne toujours d'avoir assassiné sa femme. Il fait la connaissance d'une neurobiologiste qui a réussi à opérer des transferts de mémoire sur des rats de laboratoire en utilisant le liquide céphalo-rachidien de ses cobayes. Ni une ni deux, le doc s'injecte les humeurs post mortem de son épouse trucidée, qui lui permettent de revivre à sa place l'événement qui la fit passer de vie à trépas. L'affaire étant passablement confuse, il lui faudra encore se shooter à d'autre prélèvements sur d'autres corps plus ou moins vivants, dont un flic dans le coma" Aux carrefours cahotants de Docteur Jekyll et M. Hyde et des substitutions de personnalités de Volte/Face, dans la tradition polardière d'un Samuel Fuller mâtiné d'Abel Ferrara, Dahl aurait pu faire frémir, à l'instar du Sixième Sens, quelques frontières inquiétantes entre la réalité et ses nombreux au-delà fantasmatiques. Mais ses piteuses scènes de réminiscences n'ouvrent sur aucun mystère, aucune vision. Le film épouse la courbe déglinguée de son personnage et se dégrade en même temps que lui, s