Pourquoi faut-il que ce soit à une heure si tardive que passe
enfin, dirait-on, avec soulagement un documentaire intelligent sur le sort des oeuvres d'art sous l'occupation nazie? En l'occurrence, ce document (d'un format un peu longuet cependant) raconte la bataille du Louvre dont le général fut son directeur Jacques Jaujard, qui organisa le sauvetage des collections de la destruction ou du pillage. Dès 1938, en pleine plongée dans l'illusion munichoise, il avait préparé l'évacuation de près de 4 000 oeuvres exposées. A bord de voitures particulières et de camions de grands magasins ou de la Comédie-Française, plusieurs centaines de caisses furent déménagées vers le château de Chambord, avant d'être dispersées dans des châteaux isolés de la vallée de la Loire, puis au fil de l'avancée allemande, de plus en plus profondément dans le Sud-Ouest. Quand les officiers allemands pénètrent dans le Louvre en 1940, ils trouvent ainsi un Jaujard «quasiment au garde-à-vous», comme le rappelle la formidable conservatrice Christiane Desroches-Noblecourt, les mains soigneusement croisées pour éviter d'avoir à serrer la main de l'occupant. Toute la guerre, il restera à son poste, faisant obstruction aux appétits de Goering en usant de tous les tours de passe-passe de l'inertie bureaucratique, mais aussi en bénéficiant de la protection d'officiers allemands hostiles au pillage. Il y en eut, comme le comte Franz Wolff-Metternich, qui fut décoré après la guerre de la légion d'honneur. Les c