La carrière de cinéaste de Marin Karmitz a été brève et pas
totalement convaincante. Il en reste deux films politiques, Camarades (1970) et Coup pour coup (1971), qui méritent la revoyure. Au moment où, avec Ressources humaines de Laurent Cantet et la série Gauche/Droite d'Arte, la caméra s'en retourne fouiner dans le conflit social, il est passionnant de revisiter le cinéma engagé d'il y a trente ans. Certes, le contexte était différent: on ne discutait pas «employabilité» mais lutte des classes, le contremaître était un «kapo» et le dialogue social tournait volontiers au coup de poing dans la gueule. Mais la question du «point de vue» ne se posait pas, pour le cinéaste, de manière vraiment différente. Dans Camarades, Karmitz avait filmé un parcours militant de l'extérieur. Peu satisfait, il choisit pour son film suivant de travailler «de l'intérieur». Coup pour coup a été réalisé avec un collectif d'ouvrières du textile, qui jouent leur propre rôle avec un entrain réjouissant. Cette histoire d'une grève dure avec séquestration du patron, qui mêle condition féminine et dénonciation des syndicats, est plutôt sympathique. Mais le film est plombé par le jeu caricatural des responsables syndicaux (seuls acteurs professionnels) et plus encore par l'approche frontale de Karmitz. Seul le documentaire peut prétendre capter de face le rapport social. En fiction, un détour par la sphère intime ou le symbolisme est nécessaire. Ressources humaines fonctionne parce que Cantet a d'abord c