Soit donc un certain ramdam (lire Libération du 29 mai) à propos
d'une pub où figure un clone (clown?) de Jean-Luc Godard. Si vous l'avez manquée, bref rappel des faits. Filmée en noir et blanc, l'action se situe dans un grand magasin d'époque 50-60 (comptoirs en bois), où un préposé aux colis s'affaire à l'empaquetage d'un sac à main que viennent de lui confier une dame en chignon et son mari chauve. Or, l'apprenti emballeur merde ferme: papier d'emballage massacré, escargot de ruban adhésif en vrac et risque d'éborgner les clients avec les ciseaux. La consternation desdits clients est immense, et la nôtre supposée encore plus grande lorsqu'on découvre, gauloise au bec et mal rasé, le visage de l'emballeur, sosie de Godard jeune. Et au cas, très probable, où la majorité des regardeurs de pub n'auraient pas saisi l'allusion au Suisse, c'est écrit dessus, par le truchement d'un panneau où la doublure affiche son nom: «Jean-Luc Godard». Rideau et slogan: «Ne gâchez pas votre talent. Cliquez sur Monster.fr, leader de l'emploi par Internet.» Et alors? Usage abusif d'image? Impiété à l'endroit d'un des papes du cinéma «différent»? Sans doute, mais pas nouveau.
Polymorphe et perverse, la pub nous en fait subir d'autres, et un pseudo-Godard en pourvoyeur de Monster.fr n'est pas moins monstrueux que le détournement de Marilyn pour vanter les mérites d'une marque de macaronis. Sauf que là, dira-t-on, Godard a-t-il été prévenu? Dédommagé? Et qu'est-ce qu'il en pense (si tant est qu'il