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Libération
Critique

Enfants de salauds

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«Enfant de collabo, la mémoire d'un père», France 2, dimanche, 22 h 45.
publié le 10 juin 2000 à 2h06

«Enfant de collabo, la mémoire d'un père», France 2, dimanche, 22 h 45. Ils ont l'âge d'être grands-parents mais n'en finissent pas d'être les enfants de leur père. Pour ces fils ou filles de collabos, le passé refuse de lâcher prise. Ce documentaire de Jean Crépu et Pierre Rigoulot a recueilli les témoignages de cinq d'entre eux. La romancière Marie Chaix, fille d'Albert Beugras, lieutenant de Jacques Doriot: «Je peux de moins en moins comprendre, de moins en moins excuser. On croit qu'on porte le poids de cette faute.» La psychanalyste Jeanine Rondeau, fille de milicien: «Mon problème, c'est les juifs. Même si j'ai compris progressivement que je n'y étais pour rien, je me sens coupable.» Jeannette Ball, fille d'un syndicaliste des tramways de Mulhouse engagé dans les SS: «Le pire, c'était la peur devant la méchanceté des gens qui nous traitaient de boches.» Michel Cintrat, fils d'un membre du PPF de Doriot: «J'ai pensé que mon père était un socialiste qui s'était trompé de socialisme et que moi, en adhérant au parti communiste en 1954, je faisais le bon choix. J'ai compris plus tard que j'avais fait la même erreur que mon père. C'est l'erreur idéologique.» Philippe Darnand, fils du chef de la milice Joseph Darnand, qui préfère encore croire que son père «ignorait l'existence des camps de concentration»É A l'exception de ce dernier qui n'a apparemment pas réglé son compte à une nostalgie crapoteuse (ah, Sigmaringen), l'héritage de la culpabilité aurait peut-être été moins l