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Libération

Flic, mon ami

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publié le 10 juin 2000 à 2h05

On ne peut pas dire que la publicité soit spécialement à l'aise lorsque, sortant de ses habitudes, on lui demande de positiver non pas un produit mais un métier, c'est-à-dire de transformer de l'humain en produit. Certes, les spots sont infestés de professions à forte valeur ajoutée, mais leur exhibition sert généralement de ricochet pour vendre autre chose: l'ingénieur de laboratoire pour fourguer le dernier cri du décapant dentaire, le superpharmacien conseil pour nous parler d'assurances, ou le champion de Formule 1 recyclé en portemanteau à shampoing parce qu'il le vaut bien. Mais un flic? Comment vendre un flic qui ne vend que du flic? Ces temps derniers, un spot s'est attelé à ce casse-tête pour promouvoir une campagne de recrutement de la police nationale. Le résultat est un pur bloc d'idéologie.

Croyant bien faire, dans le style «parlons-en les yeux dans les yeux», la pub s'ouvre par un slogan coup de poing: «Si vous avez des idées toutes faites sur la police, c'est le moment d'en changer.» Déjà, on pourrait objecter que ce ton à moitié comminatoire est aussi aimable qu'un contrôle d'identité. Quant aux «idées toutes faites», on rappellera qu'elles sont surtout le fait d'une histoire qui doit remonter à l'époque où l'agent Cro-Magnon verbalisa le citoyen Neandertal pour stationnement de mammouth en double file. Mais bon, admettons. Dans le style caméra de surveillance (on ne se refait pas) commence alors un minireportage dans un paysage de banlieue. Des gamins jouent