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Libération
Critique

L'amour entre les barreaux: Les femmes réparent les conneries des mecs. Une habitude.

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L'Amour prisonnier», d'Yves Thomas. M6, 20 h 50.
publié le 14 juin 2000 à 2h11

«L'Amour prisonnier», d'Yves Thomas. M6, 20 h 50.On l'avait découverte dans Romance, de Catherine Breillat, sombre et têtue comme l'initiation sexuelle dont parlait le film, la revoilà dans un téléfilm, confirmant l'intensité de son regard noir et ce mélange de beauté-mocheté, banalité-singularité, qui l'embarque sur les traces d'une Sandrine Bonnaire brune. Cette fois, Caroline Ducey est Marthe, fiancée de détenu, et le réalisateur Yves Thomas, sans enlever aucune crédibilité à son sujet, lui prête des silhouettes en robe rouge à la PJ Harvey qui vont comme un gant à sa personnalité rauque. Depuis ses débuts, la collection «Combats de femme» réussit plutôt à déjouer le socio-cul lourdingue alerté par le choix de ces sujets (inceste, pédophilie, prostitution…). Toutes questions d'éternelle actualité mais qui emprisonnent la série, et la féminité de son titre, dans la tâche immémoriale des femmes consistant à réparer, au mieux de leurs forces et de leur courage, les conneries des mecs (et sans qu'on en sache plus à l'occasion sur les pulsions qui poussent les uns à défaire, les unes à refaire). Pourquoi pas aussi des «combats» qui s'aventurent sur le terrain de la «normalité» et de la quotidienneté, là où les prises de conscience au féminin sont moins spectaculaires et moins héroïques mais pas moins importantes en termes de représentation? Pour autant, cet Amour prisonnier est très convaincant, grâce à l'entente parfaite entre son scénario, les acteurs et la mise en scène. He