Il y a d'abord, lundi, cette interminable poignée de mains. Vladimir Poutine tient celle de Brice Fleutiaux, otage en Tchétchénie libéré dans de mystérieuses conditions après huit mois de détention, la tient dans son Kremlin et ne la lâche plus. Les deux membres, celui du jeune photographe français et celui du chef d'Etat russe, sont collés par la meilleure des glus: le spot de propagande. Deux caméras filment Poutine en sauveur digne. Les images font le tour de la Russie et de l'Hexagone: Poutine, brave homme, ami des Français et libérateur d'otages de Tchétchènes. Il dit quelque chose en russe. «Je suis content de vous… voir!», traduit l'interprète. «Moi aussi, répond Fleutiaux en souriant. Moi encore plus que vous! Et je tiens encore à remercier tout ce qu'ont pu faire les services du ministère de l'Intérieur, vous, la police…» Et toujours la main dans la main. Il faut évidemment, en regardant ces images, se souvenir de deux ou trois choses: on ignore précisément qui a enlevé ce jeune photographe indépendant; pourquoi sa libération a mis tant de temps; quel fut le rôle exact des Russes dans les négociations; si la France a finalement payé une rançon; et ce qui, finalement, a déterminé cette fin heureuse, à ce moment-là: au moment où Poutine, qui lâche enfin la main de Fleutiaux, a besoin d'éliminer, ou d'éloigner un peu, les fantômes sanglants de Moscou-la-Gâteuse (comme l'écrivait Aragon du temps qu'il était surréaliste) qui lui collent à la peau. Poutine dirige Fleutiau
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