Un numéro d'Un siècle d'écrivains punchy, stimulant et inventif, c'est possible. Pierre Trividic (déjà responsable d'un remarquable sujet sur H. P. Lovecraft dans la même collection) à l'écriture, et Jean-Christophe Averty (vétéran juvénile de la télévision créative) à la réalisation y sont parvenus avec Raymond Radiguet (1903-1923). Le météore de la littérature française fut poète et dessinateur de presse à 14 ans, père adultérin à 15 (l'heureuse maman était son ancienne institutrice mariée à un poilu, l'affaire sera sublimée dans le Diable au corps), "Monsieur bébé" de Jean Cocteau à 16 (le majordome du poète l'annonça ainsi: "Il y a un enfant qui vient vous voir avec une canne"), fêtard invétéré à 17, romancier célèbre et scandaleux à 19, mort à 20 (victime de la typhoïde).
Le style adopté par Trividic et Averty est à l'image de la vie de leur sujet. Le commentaire, écrit avec beaucoup d'intelligence et scandé à perdre haleine, ne cache rien des cuites carabinées de Radiguet au Boeuf Sur le Toit, des soirées mondaines dans ce qui ne s'appelait pas encore la jet-set (elles alimenteront son second et ultime roman à clés, le Bal du comte d'Orgel). On retrouve la patte d'Averty dans un tourbillon de plans kaléidoscopiques où, sur des décors contemporains, se greffent jusqu'à une dizaine d'images supplémentaires (photos anciennes, manuscrits, cartes postales, dessins de Cocteau, Juan Gris, Max Jacob).
On ressort fourbu mais ravi de ces cinquante minutes délirantes. Avec une peti