Arno Klarsfeld est né trop tard dans un monde trop d'yeux. Il aurait dû être Jeune-France vers 1830, surréaliste vers 1923 ou soixante-huitard en Mai, quand les regards n'étaient pas tant saturés de postures, de coups d'éclat et de faux printemps. C'est l'insolent muguet noir dont la forêt sociale a toujours besoin pour se sentir revivre: rire, mépriser, s'exaspérer et, au mieux, digérer les patates chaudes que ce jeune homme de bientôt 35 ans s'est donné pour profession - pour mission - de lancer sur tout banquet. Mettre le nez du notable dans la merde, cheveux au vent de l'image, semble moins un fantasme qu'une question de survie: la révolte et le sens moral du désordre sont, chez le fils de chasseurs de nazis, un impératif génétique. Il saute de cause en cause comme Tarzan de liane en liane: c'est ça ou la chute. Mais comme les temps ont changé, et l'impatience, dissous les formes, il n'est pas un artiste: simplement, et ce n'est déjà pas si mal, un personnage. Qu'il intervienne dans la rue, au prétoire ou, comme vendredi sur Canal +, dans une bonne première enquête taillée sur mesure et consacrée à la double peine, le but est le même: s'installer gueule au centre et utiliser sa "notoriété comme une arme", ainsi qu'il l'a souvent répété, pour dénoncer un scandale ou une hypocrisie. Le titre de cette nouvelle émission, Citoyen K, annonce le programme: K. le célèbre viendra au secours des K. anonymes et sacrifiés, ceux de Kafka; cette fois, donc, ces délinquants que la Fran
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