Nombreux sont les journaux privés qui ont fleuri dans les années 90 en Afrique subsaharienne francophone, rares sont ceux qui ont survécu. Mais dix ans après le début du processus de démocratisation, la presse satirique affiche une santé de fer (lire encadré). Ses plus beaux fleurons caracolent en tête des tirages, avec une diffusion moyenne deux fois supérieure à celle des titres généralistes. Ces satiriques africains sont aussi devenus des phénomènes sociaux. Le Guinéen Souleymane Diallo le constate avec le Lynx dont il est à l'origine: "Les illettrés nous connaissent aussi. Sur les marchés de Conakry, la lecture du Lynx est souvent collective." Eyoum Ngangue, ex-rédacteur en chef du Messager Popoli camerounais, explique: "L'information dessinée permet de toucher un public plus large. On lit le Popoli comme on regarde un dessin animé. La violence urbaine et la sorcellerie y ont aussi leur place." Pour preuve, le cartoon J'adore tes poils chéri (1), ou comment la jeune Eliane, "adepte de l'"akwa by night" (le tapin)" rêve comme beaucoup de Camerounaises "d'accrocher" un Blanc. Pour favoriser l'hymen, un marabout lui confectionne un gri-gri avec les poils pubiens de son amant noir, lequel se rebiffe. L'affaire a fait grand bruit à Douala.
"Ngié man". Si la plupart se sont inspirés du Canard enchaîné, certains de ces journaux ont forgé un langage des médias écrits spécifiquement africain, qui s'affranchit partiellement de la tutelle du français. Ainsi, le Messager Popoli est l