On annonçait, dans les journaux de mardi, l'anniversaire des vingt ans de journal télévisé d'un certain Patrick Poivre d'Arvor: sept ans d'Antenne 2, treize ans de TF1, et des entretiens un peu partout pour afficher son professionnalisme, son enthousiasme pour les jeunes, comme au premier jour, et surtout surexposer sa modestie. "Je suis une icône électroménagère", dit-il par exemple dans le Figaro (empruntant l'expression à son inventeur, le réalisateur Raoul Sangla, qu'il connut sur Antenne 2). C'est un bon mot, et, bien sûr, une partie de lui n'en croit rien; se croit bien plus que ça. En quoi elle a tort. La première des qualités d'un grand homme de télé est celle d'un bon réfrigérateur: pouvoir durer. Laisser loin derrière la date de fin de garantie. Survivre à la camelote lancée sur le marché pour l'éliminer du foyer et l'envoyer à la casse. La seconde qualité découle de la première: le grand homme de télé, comme le bon appareil, est un produit coûteux. Il dure longtemps; il est solide; il ne perd pas l'Audimat en route: il faut y mettre le prix pour l'avoir. En achetant bon marché, on prend des risques (attitude honorable, mais assez peu audiovisuelle) et l'on n'a souvent que de la camelote, de l'homme-tronc au rabais. L'"icône électroménagère", malgré toutes ces vertus, ne reste jamais qu'une sorte de réceptacle de la vie des autres. La machine à laver nettoie du linge; les magnétophones et lecteurs de CD diffusent la musique; le réfrigérateur conserve les aliments:
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