"L'Allemagne paiera!" On connaît le slogan qui, après la guerre de 14, berça d'illusions les Français. Toutes proportions gardées, "Total paiera!" est le refrain qui, après le naufrage de l'Erika, fait florès. Les salopeurs seront les payeurs. Logique quoiqu'un brin optimiste. D'autant qu'ici c'est le salopeur en chef qui mène la campagne. Par voie de presse, et surtout par spot télé. Soit donc un montage d'images d'archives qui rappellent le raz de marée de merde venu souiller les côtes atlantiques. Quelques secondes de vérité des images, se dit-on. Et quelle audace!, enchaîne-t-on, puisque c'est Total qui paie. Vérité, mon cul; audace, mon oeil! Primo, la vérité. Ceci est bel et bien une publicité, non pas pour la vérité mais pour Total, et, à tout le moins, à la gloire de son "courage". Le courage de quoi? D'avouer que le pétrolier est responsable de la marée noire? Oui, évidemment, et pourtant, non. Dans le texte qui accompagne le spot, lu sur le mode du "nous" quelque peu royal, ce n'est pas ça qui est dit mais: "Nous avons conscience de la catastrophe." N'importe quel sujet de philo du bac le confirme: la conscience n'est pas la responsabilité. Quant à l'audace! Un responsable de l'agence Harrison et Wolf, productrice du spot Total, en expliquait le mode d'emploi dans un récent JT de France 2: "Ce ne sont pas ces images qui ont de l'impact, c'est le fait d'oser les utiliser qui a de l'impact." Tu l'as dit. Mais la démarche "osée" de cette conscience malheureuse s'englu
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