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Libération

Unter Alles.

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publié le 27 juin 2000 à 1h56

Cet Euro, la France le gagnera peut-être. Mais à l'amateur né au football télévisé dans les années 70, il a déjà offert une belle surprise de taille, un soulagement: la chute de l'Allemagne.

La vieillesse-naufrage des équipiers germaniques avait commencé il y a deux ans, pendant la Coupe du monde, mais

il fallait un rappel, une nouvelle humiliation, pour que l'on puisse enfin chanter comme des Chevènement domestiques: Deutschland Unter Alles! L'Europe est vengée sur le terrain. Nul ne l'écrit - ça ne fait pas bien, pas européen, pas diplomatique, pas sérieux - mais en réalité, tout le monde est content.

L'après-guerre prend fin. L'Allemagne se rend aimable en faisant ce qu'elle doit: perdre. Elle peut redevenir le onze de Goethe et de Paul Celan. Ce qu'elle symbolisa dans le football explique bien mieux que des commentaires politiques la vie fantasmatique de l'Europe des trente dernières années. Tandis qu'à Bruxelles on chantait l'Union et qu'à Verdun Mitterrand et Kohl se tenaient la pince, les pelouses télévisées étaient piétinées par ce onze d'occupation. Tout commence en 1974: les Allemands gagnent la Coupe du monde en battant les Néerlandais.

A l'époque, presque tout le monde est pour les seconds: ces Beatles bataves ont l'élégance, la fluidité, les longs cheveux et la couleur orange qui allume les regards; ils incarnent une cavalière résistance à la RFA, l'Allemagne de l'Ouest remontante. Ils s'opposent au nom de tous au puissant coup d'outre-Rhin. Mais le rêve qu'ils port