Un documentaire sur un cinéaste qui commence par une voix off mielleuse, sur un travelling interminable, au coeur d'une forêt enneigée annonce clairement la couleur: pas de fric, donc pas assez d'extraits de films, il va falloir habiller la misère, la meubler, en général, ce sont les arbres qui s'y collent. C'est le cas de cet opus faiblard sur Fassbinder, en quête d'une réponse à une question transcendantale: le cinéaste allemand était-il misogyne?
Le film s'emploie à prouver le contraire, démonstration pas vraiment aboutie et dont on se fiche comme d'une guigne, les enjeux du cinéma de Fassbinder étant au-delà d'une quelconque problématique politiquement correcte. L'oeuvre fassbindérienne s'est effectivement construite sur quantité de personnages féminins (Martha, Lola, Lili Marleen, Veronica Voss, Maria Braün...) à qui le cinéaste a fait subir à peu près toutes les gloires et tous les outrages. On imagine que les femmes intéressaient Fassbinder au moins comme métaphore de l'Allemagne et comme projection de sa position d'homosexuel et d'artiste car, "comme tous les opprimés de la société, elles doivent emprunter des chemins vils et immoraux pour survivre, ce qui explique à quel genre d'oppression elles sont soumises (...)". Brutale, l'originalité de Fassbinder fut d'affirmer avec une cohérence extrême que l'amour est aussi l'instrument insidieux de cette oppression.
Et Hanna Schygulla est là, souriante et émue, pour évoquer dans un français appliqué son mentor génial, qui se