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Libération
Critique

Un barré contre le Pacifique

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""Jo Le Guen, un combat pacifique"". La Cinquième, dimanche, 15 h 25.
publié le 1er juillet 2000 à 2h44

"Ça ne sert à rien de plus que peindre un tableau ou écrire une chanson." Il devine, Jo Le Guen, qu'on ne peut pas tout à fait comprendre. Sa devise: "Si tu ne sais pas où tu vas, sache d'où tu viens." Il n'imaginait effectivement pas jusqu'où le Pacifique Sud le mènerait, mais il savait bien (et nous aussi, à force) qu'il était "fils, petit-fils et arrière-petit-fils de marins pêcheurs de Molène". Qu'il voulait s'attaquer à l'océan le plus dangereux du monde. A la rame et sans sponsor, pour sensibiliser l'opinion. On le suit, pendant deux mois, 4 000 kilomètres au gré des vagues, grâce à une caméra embarquée. Jusqu'à ce que la douleur soit trop forte et qu'il abandonne, pas même à mi-chemin. Effroyable témoignage d'un homme qui ne cache rien. Ni ses pieds, devenus amas de chair boursouflée et purulente, ni ses faiblesses. Jo Le Guen qui parle aux albatros. Qui achève ses huit heures de rame. "La première journée est très bonne, la deuxième, je recule. La troisième, est très bonne, la quatrième, je recule." Jo Le Guen qui tente de se convaincre que tout va bien. "Les escarres au pied, ça s'arrange. Franchement, ça s'arrange." Qui chante: "Alouette ,gentille alouette", des hymnes bretons, du hard, du Brassens. "Et quand la mort lui a fait signe, de labourer son dernier champ, il creusa lui même sa tombe. Pauvre Martin, pauvre misère."

Jo qui rit, au début, en regardant ses pieds mal en point. Jo qui pleure, souvent, avec la solitude, la souffrance, la cruauté de l'abandon. Jus