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Libération
Critique

Le Caire, sur les rides du Nil

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Thema ""Impressions d'Egypte"". Arte, 20 h 40.
publié le 6 juillet 2000 à 2h52

"J'aime être optimiste, même si je ne le suis pas." Son visage se ride dans un rire, puis se fige pour conclure : "Le vrai pessimiste est celui qui se suicide."

Depuis près de soixante ans, Naguib Mahfouz est le narrateur des désirs, impasses, secrets du Vieux Caire. Une étudiante interrogée par Francka Mouloudi, auteur du portrait très vivant, Naguib Mahfouz, passage du siècle (22 h), admet ingénument ne pas comprendre "très bien son arabe", mais salue le maître, ses mots inspirés: "Il parle d'une société que nous connaissons déjà, mais il le fait d'une manière si directe que beaucoup ne voient pas de quoi il parle." Mémorialiste ou passéiste? L'écrivain concède tranquillement : "J'ai la nostalgie du passé, parce que bien des choses m'y sont chères, des choses que je voudrais inconsciemment sauver de l'oubli." Ce que sa collègue sud-africaine Nadine Gordimer précise en évoquant une "oeuvre qui englobe les deux pôles opposés de notre monde actuel, l'engagement et l'aliénation qui sans aucun doute seront retenus comme caractéristiques de notre siècle". Militant donc, à sa manière, suffisamment gênante pour certains: un couteau islamiste, un soir de 1994 dans une rue du Caire, lui tranche l'artère carotide, il ne doit sa survie qu'à la célérité des secours. Un geste auquel il répond à sa manière après l'attentat de Louxor le 17 novembre 1997: "Ici, depuis cette terre ancienne (...), nous affirmons que, bien que l'histoire ait ses routes obscures où marchent les amis des ténèbre