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Libération
Critique

Crescendo jusqu'à la générale

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""La Force du destin"", Planète, samedi 23 h 30.
publié le 8 juillet 2000 à 2h57

Au premier jour était la répétition du choeur. Au troisième, celle de l'orchestre. Au cinquième débuta la mise en scène. En 1997, la Canadian Opera Company ne créa pas la Force du destin en sept mais en vingt et un jours. Genèse d'un monde, où fourmillent chanteurs, chef d'orchestre et chef de choeur, mais aussi accessoiristes, maquilleurs, perruquiers, petites mains du décor ou des costumes. Tous amoureux de l'oeuvre en train de se créer. Amoureux, mais pas forcément tendres. Le chef de choeur mène ses troupes sans ménagement. "Les ténors, prenez vos distances par rapport à ce mi ! Verdi aurait pu écrire forte et vous auriez pu hurler. Mais ce n'est pas ce qu'il a écrit. C'est de la souffrance ! Des paysans qui gèlent et meurent de faim, pas comme vous !" Le metteur en scène John Copley, lui, bichonne ses cantatrices : "Très peu de gens peuvent chanter le répertoire de la Force du destin. Si notre soprano n'est pas en grande forme, tout est raté. Il faut prendre soin d'elle." Dans un décor encore inachevé, ténors et sopranos chantent, s'aiment, se battent et meurent en jeans et polos. On répète cent fois la mesure sur laquelle le coup de revolver doit partir. Preziosilla manque de tomber de son canon. Don Carlo ne chante jamais sans café : "Il me faut une tasse de voix." Jusqu'à la générale. Dernières répétitions de l'orchestre, dernières vocalises de la soprano, dernières retouches aux costumes. ça chante sur la scène, ça court dans les coulisses. Et on se surprend à épier