Belzébuth a besoin d'une lobotomie fissa, c'est pourquoi il a choisi un hôpital. Pas n'importe lequel, celui de Copenhague, surnommé le Royaume, qui dispose de la technologie la plus en pointe et des cerveaux scientifiques les plus affûtés. Manque de pot, la moderne bâtisse a été construite sur d'anciens marais mal asséchés, l'humidité remonte, le passé a des renvois, le mal suinte. En filiation directe de la littérature fantastique (de Gaston Leroux à Jean Ray) et de la série fétiche de son enfance Belphégor, le cinéaste le plus maléfique d'Europe, fidèle à sa réputation de charlatan, a décidé de soigner le bien par le mal, à travers un thriller (in)hospitalier d'épouvante doué de onze épisodes et d'autant de pouvoirs surnaturels. Arte rediffuse cette série hallucinogène de Lars von Trier, indubitablement la meilleure fiction télé de ces dernières années, qui tient la dragée haute, les doigts dans le nez, à Urgences, X-Files, Twin Peaks...
L'Hôpital et ses fantômes, ou la riposte neurochirurgicale du Vieux Continent à l'arrogance du savoir-faire américain. Sanglots dans les ascenseurs, tête sans tronc, ambulance sans chauffeur, fillette trépanée par erreur, foetus atteint de gigantisme, messes noires, loge maçonnique, malade qui s'improvise détective médiumnique, enfants trisomiques prédisant l'avenir en faisant la vaisselle... Lars von Trier libère ses pires phobies (claustrophobie, paranoïa, détestation du corps médical), lâche le fatras miraculeux de ses convictions catho