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Libération

Henri Gault pose sa plume et sa fourchette.

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publié le 11 juillet 2000 à 3h00

Henri Gault, mort dimanche à 71 ans, a été il y a trente ans avec son compère Christian Millau le porte-parole de la révolution de la "nouvelle cuisine". Chaleureux, généreux, polémiste à la hussarde, grand bouffeur et buveur devant l'Eternel, Gault était le vrai connaisseur et amoureux de la cuisine, Millau étant plutôt l'entrepreneur qui structura une société commerciale autour de leur succès. Leurs tempéraments opposés devait finalement les brouiller.

Grand reporter à Paris Presse, où il travaille depuis 1956, Henri Gault traîne son ennui quand on lui propose d'écrire des promenades gourmandes dans les pages dirigées par Millau. Le vendredi, jour de cette chronique, le tirage augmente singulièrement. Un premier recueil d'articles, en 1963, est un énorme succès. En 1969, les deux hommes fondent leur propre magazine, qui tirera jusqu'à 150 000 exemplaires, et, deux ans plus tard, leur guide de restaurants. En 1973, dénonçant la dictature des fonds de veau et de la béchamel, ils publient un manifeste de "la nouvelle cuisine française", dont les commandements sont: cuisson réduite, esthétique de la simplicité, fraîcheur du produit, cuisine du marché, simplicité des sauces, techniques nouvelles... Ils ouvrent la voie à la cuisine contemporaine en faisant l'éloge des produits exotiques et de l'invention: "Il reste des millions de plats à créer" (1). C'est l'ensemble de la cuisine française qui est bouleversé. Paradoxalement, ce révolutionnaire culinaire était un homme très marqu