L'oiseau mazouté de l'Amoco Cadiz ébroue ses plumes engluées. «On nous signale la mort, accident ou suicide, d'un mécanicien de Plouguerneau qui a précipité sa voiture dans l'eau polluée du port, les télés ont montré dix fois l'oiseau, jamais l'homme.» Les images datent de 1978 mais n'ont jamais été diffusées à la télé, trop dérangeantes. Le documentaire de René Vautier Marée noire, colère rouge raconte l'indigence des pouvoirs publics et des médias à la suite du naufrage du pétrolier. Vingt-deux ans après, le film passe pour la première fois sur le petit écran, enfin va passer, si le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), le gouvernement, les opérateurs du câble et du satellite prêtent vie à Alea TV, «ONG d'action pour la liberté d'expression audiovisuelle».
Médias libres. A l'origine de cette télévision associative nationale (une première, car elles sont d'ordinaire locales), Michel Fiszbin, un des fondateurs de la radio Carbone 14 et vieux routard des télés pirates, mais aussi des anciens de la locale Télé Bocal, des journalistes de la Vache folle, publication satirique alternative, tous membres de la Coordination permanente des médias libres (CPML) créée en mai 1999 (lire ci-dessous). Quelques journées de diffusion pirate et une loi sur l'audiovisuel plus tard, les télévisions associatives ont décroché le droit de se porter candidates à des fréquences hertziennes en analogique puis, en 2001, en numérique. Un grand pas, puisque ces télés étaient auparavant cantonnées à