Jusqu'où ira la presse au nom du respect du droit à l'image? Dans son édition du 27 juillet, l'Express a décidé de «flouter» les visages sur cinq photographies d'un reportage sur le Cap d'Agde. De la plage Richelieu à la promenade sur le port, impossible de dévisager le moindre estivant. Trop chères les mines des vacanciers de l'usine à bronzer héraultaise? «Vous imaginez le photographe demander à chaque vacancier de lui signer un papier sur une plage où il y a des milliers de personnes!, s'exclame Nicole Nogrette, chef du service photo à l'Express. On a calculé combien risquait de nous coûter le journal: une dizaine de têtes, 50 000 francs de dédommagement par personne. Faites le calcul, nous ne pouvons pas dépenser 500 000 francs par numéro. Et comme l'article n'était pas positif, on pouvait être condamnés à payer plus.»
Conséquence des nombreuses plaintes d'anonymes déposées ces dernières années auprès des tribunaux au nom du respect de leur droit à l'image, l'Express a décidé cette fois de prendre les devants. Quitte à s'autocensurer.
Jackpot. «Nous avons déjà eu des problèmes avec un reportage à la Bourse, alors même que nous avions les autorisations, explique Nicole Nogrette. Maintenant, dès que les gens se reconnaissent dans un magazine, ils menacent de faire un procès. Ils savent qu'ils peuvent gagner de l'argent, même si la photo ne porte pas atteinte à leur dignité. Ce qui m'étonne c'est qu'ils n'ont pas du tout la même attitude lorsqu'ils passent à la télé.»
Longtemp