«C'est aujourd'hui que nous sommes nés.» Dans la masse des lettres envoyées de Kabylie pour remercier Berbère Radio Télévision (BRTV) d'exister, cette phrase revient sans cesse. «On s'est rendu compte qu'on avait une énorme responsabilité quand on a reçu tout ce courrier, ces poèmes, ces photos de Matoub Lounès», explique Mustapha Saadi, le fondateur de BRTV.
La chaîne a vu le jour le 1er janvier et diffuse depuis Paris ses programmes par satellite en Europe et dans le Maghreb. «On représente 20 à 25 millions de personnes (1): d'autres demanderaient une nation, nous on fait une télé», confie Menad Ould Slimane, doubleur en berbère de documentaires et de dessins animés. Créée à l'occasion du 20e anniversaire du Printemps berbère, BRTV se veut un écho à l'arrestation en avril 1980 de l'écrivain kabyle Mouloud Mammeri qui a marqué la renaissance de l'identité berbère. Pour Menad, la chaîne est un engagement: «C'est donner chair à ma culture, une culture opprimée et brisée pendant des siècles.» Mais alors qu'il n'existe en Algérie qu'une radio berbère, contrôlée par l'Etat, BRTV refuse de prendre position contre le gouvernement: «Se revendiquer de la culture berbère, explique Menad, c'est déjà un acte politique.»
Célébrités. Les programmes de BRTV reviennent souvent sur les trois légendes de la culture berbère: Mouloud Mammeri, le chanteur Slimane Azem (le «Brassens kabyle» interdit de séjour en Algérie) et... la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), le club de foot berbère. Très pr