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Libération
Critique

Ligne rouge 7 000.

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Ligne rouge 7 000 Cinétoile, 16 h 05.
publié le 30 août 2000 à 3h48

«HH ou l'ironique», disait Comolli de Howard Hawks dans les Cahiers du cinéma. Sur un ton délicieusement musilien, il évoquait le style télégraphique des meilleurs Hawks et cette manière qui rappelle Hermann Hesse. Pas bête comme raccourci pour une oeuvre dont l'auteur a toujours soutenu qu'elle reposait sur un mélange de comique et de dramatique, le comique pouvant virer sans prévenir au tragique (et inversement). Ligne rouge 7 000 est l'un de ces films (et peut-être le dernier grand Hawks) qui illustre le mieux ce style aléatoire, plus bâtard qu'on imagine, hérité de Griffith, gourou des cinéastes de la frontalité têtue et de la grande déception monochrome. L'auteur de ces lignes a eu le privilège, un beau jour d'août 1964, d'assister au tournage de quelques scènes de Ligne rouge 7000, avec l'ami Serge Daney, qui n'en menait pas large, HH étant alors son cinéaste favori.

Un an plus tard, le même chroniqueur, déguisé en journaliste, parvenait à se faire envoyer par avion privé dans un patelin perdu d'Arizona, aux frais de la Warner, sur le tournage de quelques scènes importantes d'El Dorado, second volet du triptyque commencé, en 1958, avec Rio Bravo et qui se terminera avec Rio Lobo, en 1970.

Si on rappelle ici ces souvenirs privés, c'est que les heures passées à regarder Hawks au travail permettent d'esquisser une ou deux hypothèses pas trop ressassées. Contrairement à la plupart des témoignages et aux d'idées reçues, Hawks ne mettait pas vraiment en scène ses films, du moi