Menu
Libération
Critique

Le Trésor de Cantenac.

Article réservé aux abonnés
Cinétoile, 20 h 55.
publié le 31 août 2000 à 3h51

Avec Gance et Pagnol, Guitry a inventé le cinéma parlant français. On l'oublie d'autant plus vite que ces trois-là ont longtemps proclamé qu'il valait mieux que le cinéma ne parle jamais, que ça n'avait aucun intérêt et que l'art du muet se passait si bien de paroles qu'on pouvait légitimement supposer que le parlant l'achèverait pour de bon. Pas si bête, comme théorie, même si, du côté de chez nous, on préfère ce parlant par quoi débute un «art» nouveau, à tout le moins un art populaire nouveau, qui n'a vécu qu'une quarantaine d'années ­ assez pour laisser quelques milliers de chefs-d'oeuvre dont on ne sait que faire (et qu'on sait encore moins ranger dans sa tête ou sur des étagères). Mieux que le Renoir de Toni, dont personne ne se risquera à critiquer l'importance, c'est du côté de la bande des trois que se met au point la belle formule française du cinéma qui parle ­ et même qui parle en direct: les Straub n'en sont pas revenus.

Inventer l'art populaire du parler français ne consiste évidemment pas à tourner vite fait le premier parlant. A ce jeu-là, d'ailleurs, Renoir bat Pagnol et Guitry, ses personnages ouvrant les premiers la bouche dans On purge bébé et surtout la Chienne (1931), tandis que Pagnol attend 1934 pour signer son premier vrai film, Joffroi, et que Guitry hésite un an de plus pour se risquer à mettre en scène son Pasteur au cinéma. Le plus hardi dans cette petite course, qui au fond ne prouve rien, c'est Gance, roi du muet, qui s'étourdit des cris de la F