Alain Bashung n'est pas ce qu'on appelle un «bon client» pour la télé. Au royaume des petites phrases calibrées, son élocution de plus en plus somnambulique fait désordre. Il suffit d'avoir écouté un de ses disques pour comprendre que l'auteur de Play Blessure n'est pas du genre à se livrer en pâture en prime time. Anaïs Prosaïc a réussi à se faire accepter par le plus goguenard des rockers français. C'est déjà bien. Mais l'Alsacien d'adoption reste avare de confessions. Son film se partage alors entre une compilation de documents d'archives souvent amusants et un reportage en studio lors de l'enregistrement de quelques duos (que l'on retrouve sur la compilation Climax) conçus comme une récréation avant de s'atteler à un nouvel album. Résultat, le Bashung Express hésite entre la voie documentaire et le sujet magazine.
On baille quand s'accumulent les scènes anecdotiques en studio et les témoignages parfaitement convenus. «Bashung fait le pont entre le rock and roll américain et une tradition plus française, plus poétique, à la Gainsbourg», était-il vraiment nécessaire de convoquer la cinéaste Laetitia Masson pour enfoncer une telle porte ouverte ? Mais le plus agaçant, ce sont ces plans où Bashung est filmé comme un cliché,
mi-Elvis Presley, mi-M le Maudit, déambulant dans la gare de Bruxelles en pardessus et lunettes noires. Le principal intérêt de ce portrait bancal réside alors dans ses archives. Au milieu des extraits de concerts, de clips, des Enfants du rock ou de Lunett