Menu
Libération
Critique

La petite maison dans la vraie vie.

Article réservé aux abonnés
""La maison des bois"", de Maurice Pialat (1 et 2/7). Histoire, 15h50.
publié le 11 septembre 2000 à 4h11

Le premier quart d'heure est un choc. Il y a trente ans, on pouvait donc filmer pour la télévision une fiction en plans-séquences de plusieurs minutes; on pouvait tourner en improvisant pour un programme diffusé à une heure de grande écoute (on ne disait pas encore prime time); on pouvait donc réaliser un feuilleton où les temps dits forts comptaient finalement moins que ces temps dits morts et qui sont, en fait, de vrais moments de vie; et on pouvait ainsi, contre toute attente, obtenir un vrai succès populaire (on ne disait pas encore gros Audimat). Un miracle télévisuel comme la Maison des bois serait impensable aujourd'hui, quand, de Rivière Espérance en Misérables, seuls comptent le lisse, l'efficace, le rapide. Raison de plus pour ne pas rater sa rediffusion sur Histoire, exceptionnelle à tous points de vue (programmé pour la première fois en 1971, son dernier passage remonte, sauf erreur à 1990, sur FR 3).

Aux origines du miracle, on trouve un roman naturaliste de René Wheeler sur un petit orphelin lors la guerre de 14-18. En 1970, Maurice Cazeneuve, patron de la deuxième chaîne de l'ORTF, décide d'en confier l'adaptation télévisée à Maurice Pialat, considéré comme un spécialiste du monde enfantin depuis la sortie, l'année précédente, de son premier film de cinéma, l'Enfance nue. Pialat taille à la hache dans le premier scénario écrit par Wheeler, plein, selon lui, «de scènes irréalisables et de bouffonneries assez splendides», et n'en retient qu'une mince trame. En 19