Dans le jargon, c'est un bon client. Un comédien par qui la surprise arrive, un philosophe qui brise le ronron de toute émission, un artiste qui fait son service après vente un peu moins bêtement que les autres. Daniel Prévost est un cas. L'anguille parfaite. L'invité que rien n'attrape, ou presque. Sur son visage d'homme ordinaire, on devine encore cette phrase: «à l'absurdité du monde, j'ajoute mon incohérence», mise en exergue dans son Journal intime et inutile d'une vie banale (1988). Une sorte de ligne de conduite, solide et perdue d'avance. Et à chacune de ses prestations, c'est le même réconfort. Deux ou trois répliques «tu ne sais pas qui tu invites», «moi, on ne me donne jamais d'ordre», «tu ne veux pas que je passe la serpillière non plus ?» et le voilà qui apporte un peu de vrai à n'importe quel talk-show sur-préparé. Ainsi, samedi, Union libre (France 2), magazine de la consommation en Europe (poubelles portugaises, préservatifs allemands, portables belges, etc.). Côté promo, Daniel Prévost est venu causer de sa pièce, Show Business. «Un texte très dur, nous dit son hôte, Christine Bravo, un texte sans pitié pour des gens qui exercent nos professions.» N'importe qui d'autre s'en sortirait par une pirouette chichiteuse, genre «non, non, ça n'est qu'une gentille satire». Pas Prévost. Il rétorque : «Mais pourquoi faudrait-il avoir de la pitié pour ces gens-là ?» C'est rien. Mais c'est assez pour déstabiliser Bravo et sa «bande de camarades européens», désormais
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