Menu
Libération
Critique

Rio Bravo

Article réservé aux abonnés
Rio Bravo TCM, 18h20.
publié le 13 septembre 2000 à 4h18

Si Rio Bravo est le dernier grand film hollywoodien, c'est qu'Elvis Presley n'y est pas. Il fallait le dandysme limace de Ricky Nelson pour servir de faire-valoir à la virilité imperturbable du gros John Wayne, avec Dean Martin en crooner de la gâchette et Walter Brennan en hillbilly déplumé et grognon. On peut aussi dire les choses autrement : Rio Bravo est le premier et le dernier film rock de l'histoire du cinéma, celui dans lequel s'estompent les frontières entre deux types de mythologies, celles de la chanson populaire autant que celles du cinéma, juste avant que le western-spaghetti et les brailleurs britanniques trop bien habillés, partis à l'assaut du leadership américain en matière d'industrie culturelle, ne précipitent le cinéma et le rock & roll dans le maniérisme et la décadence. Si Elvis Presley n'y est pas, c'est qu'il est déjà ailleurs, dans l'autoparodie fin de race, la guimauve professionnelle, la world-culture (qu'il a inventée bien avant Bob Marley). Il est la fin du monde à lui tout seul. Juste avant que ce monde ne s'écroule, Howard Hawks préfère les déhanchements teenage et ambigus du jeune Ricky Nelson aux mugissements métis du King, bientôt lancé de toutes façons en pilotage automatique dans une série de westerns hawaïens autrement destroy.

On a souvent décrété ici que Rio Bravo marquait la fin du cinéma classique.

On devrait plutôt dire que c'est une sorte d'épilogue, un post-scriptum à quelques dizaines d'années d'art industriel, la perfection en même