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Libération
Critique

Romane en Balagne

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«Anna en Corse». France 2, 20h55.
publié le 13 septembre 2000 à 4h18

L'une des hypothèses spécieuses et néanmoins tentantes concernant la Corse consiste à penser que sa manie des attentats l'a préservée des promoteurs immobiliers. Car l'Ile de Beauté est belle et toujours aussi belle, et sans doute l'un des coins d'Europe les plus magnifiques, mer et montagne assemblées. C'est peut-être la seule chose qu'a véritablement à dire ce téléfilm de Carole Giacobbi, qui déploie aux génériques de début et de fin des dépliants amoureux à la gloire de son pays natal et de son fantasme: que faisons-nous ici, pourquoi ne partons-nous pas ? Pourquoi ne retournons-nous pas à la source, dans ces villages splendides et déserts qui meurent sous le soleil ? Pour opérer la mutation, on le sait, il faudrait des circonstances extrêmes, comme par exemple la mort de son chéri qui frappe Anna tout juste enceinte. Mal en point, la jeune fille se réfugie chez sa grand-mère Marie qui crèche dans un village de Balagne. La première, Romane Bohringer, impose cette présence mitigée, entre grand besoin d'exprimer et refus instinctif de toute complaisance, comme un ressac intérieur lui menant la vie dure, qui la rend captivante et qui n'attend que des rôles moins désespérément naturalistes. La seconde, Micheline Presle, n'est pas crédible du tout en veuve corse mais rayonnante. Son personnage trouve le moyen de casser sa pipe juste après une demande en mariage à plus de 80 ans, sans doute parce qu'on n'est pas chez Amos Kolleck qui filme des vieux au pieu (Fast food, fast wom